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Loi infirmière 2025 : Vers une reconnaissance des infirmières

Loi infirmière 2025 : Vers une reconnaissance des infirmières

Nicolas Terraz
Publié le
24/6/2025
Cabinet
Article
5 minutes

Le 19 juin 2025, le Parlement français a marqué l’histoire en adoptant définitivement la proposition de loi infirmière 2025. Cette réforme, longuement attendue par les 600 000 infirmiers et infirmières de France, représente une avancée décisive pour la profession. Plus qu’une simple reconnaissance, elle redéfinit le rôle des infirmiers comme acteurs clés du système de santé, avec une autonomie accrue, des responsabilités élargies et une valorisation inédite. Décryptage de cette loi qui ouvre un nouveau chapitre pour la profession infirmière.

Rappel des précédentes lois impactant la profession infirmière

  • 2006 : Adoption de la proposition de loi portant création de l’Ordre national des infirmiers, établissant un cadre déontologique et une représentation officielle pour les 450 000 infirmiers, malgré des oppositions syndicales soulignant les préoccupations des salariés sur leurs conditions de travail.
  • 2016 : La loi de modernisation de notre système de santé introduit le concept d’infirmiers en pratique avancée (IPA), permettant à certains infirmiers de prendre en charge des patients pour des actes spécifiques, marquant une première étape vers plus d’autonomie.
  • 2018 : Le décret n°2018-629 officialise la formation et les compétences des IPA, précisant leurs domaines d’intervention, notamment en maladies chroniques, oncologie et psychiatrie.
  • 2024 : Le décret n°2024-371 autorise les infirmiers diplômés depuis au moins trois ans, formés spécifiquement, à établir des certificats de décès, généralisant une expérimentation menée avec succès.

Redéfinir le cadre légal de la profession

La loi infirmière 2025 actualise la définition du métier dans le Code de la santé publique pour mieux refléter les réalités du terrain. Elle met en lumière les compétences cliniques, organisationnelles et humaines des infirmiers, les positionnant comme des professionnels de santé autonomes, loin du rôle subalterne qui leur était historiquement attribué. Cette clarification renforce leur légitimité et leur visibilité dans le système de santé, comme le souligne l’Ordre national des infirmiers.

À lire aussi : Guide complet pour devenir infirmière libérale en 2025

Consacrer l’autonomie décisionnelle des infirmiers

La réforme consacre l’autonomie des infirmiers dans leurs prises de décisions cliniques et leurs interventions. Elle reconnaît leur capacité à évaluer les situations, à poser des diagnostics infirmiers et à adapter les soins de manière indépendante. Cette avancée est particulièrement cruciale dans les zones rurales ou sous-médicalisées, où les infirmiers jouent un rôle pivot pour garantir l’accès aux soins. L’Ordre national des infirmiers note que cette reconnaissance « affirme avec force la compétence et la responsabilité des infirmiers » face aux besoins de la population.

Ouvrir des perspectives de carrière dynamiques

La loi structure les parcours professionnels en valorisant les spécialisations, notamment pour les infirmiers en pratique avancée (IPA), les IADE (infirmiers anesthésistes), IBODE (infirmiers de bloc opératoire) et IPDE (infirmiers puériculteurs). Elle facilite l’accès à des formations spécifiques et reconnaît officiellement leur expertise, offrant des opportunités d’évolution claires et attractives. Cette mesure répond à une demande de longue date pour une meilleure reconnaissance des compétences spécialisées.

Rendre le métier plus attractif pour les nouvelles générations

En clarifiant les missions socles des infirmiers – prévention, soins, coordination, éducation à la santé – la loi vise à valoriser la profession auprès des étudiants et jeunes professionnels. Elle met en avant la polyvalence du métier, qu’il s’exerce en libéral, à l’hôpital, en EHPAD ou en milieu scolaire, renforçant ainsi son unité et sa mobilité. Cette approche ambitionne de contrer la pénurie de vocations dans un contexte de besoins croissants en soins.

Les changements concrets de la loi infirmière 2025

La loi instaure des avancées significatives pour la pratique infirmière, parmi lesquelles :

  • Consultation et diagnostic infirmier : Reconnaissance légale de la capacité des infirmiers à mener un raisonnement clinique autonome.
  • Accès direct aux soins : Possibilité pour les patients de consulter directement un infirmier pour certains actes, avec une expérimentation pour les soins prescrits.
  • Droit de prescription élargi : Autorisation de prescrire certains médicaments et examens, selon une liste définie par arrêté.
  • Orientation des patients : Intégration officielle de cette mission dans les responsabilités infirmières.
  • Reconnaissance des missions socles : Nouvelle définition du métier, indépendante du lieu ou du mode d’exercice.
  • Valorisation des spécialités : Reconnaissance explicite de la pratique avancée pour les IADE, IBODE et IPDE, ainsi que des infirmiers scolaires comme spécialité autonome.

Ces mesures, saluées par l’Ordre national des infirmiers, positionnent les infirmiers comme « des acteurs de premier recours » face aux défis de l’accès aux soins et du vieillissement de la population.

En savoir plus : Réforme de la formation infirmière : des arrêtés attendus à l’été 2025

Enjeux pour les infirmiers diplômés d’état libéraux (IDEL)

La loi infirmière 2025 offre des opportunités majeures pour les IDEL, mais soulève également des enjeux spécifiques. L’élargissement du droit de prescription et l’accès direct aux soins renforcent leur rôle dans les parcours de santé, particulièrement en zones sous-dotées où ils compensent souvent l’absence de médecins. Cependant, la mise en œuvre de ces nouvelles compétences nécessitera des formations adaptées, dont le financement et l’accessibilité pour les libéraux restent incertains. De plus, l’absence de revalorisation tarifaire immédiate dans la loi pourrait limiter l’impact financier pour les IDEL, qui supportent déjà des charges élevées. Le Syndicat national des infirmiers libéraux (Sniil) insiste sur la nécessité d’une négociation conventionnelle rapide avec l’Assurance maladie pour ajuster les rémunérations aux nouvelles responsabilités. Enfin, l’intégration des IDEL dans les réseaux de soins coordonnés, comme les CPTS, devra être clarifiée pour éviter une surcharge administrative.

Une avancée à nuancer : Une analyse critique

Malgré ses avancées, la loi infirmière 2025 ne répond pas à toutes les attentes. Si l’autonomie et la reconnaissance des compétences sont des progrès indéniables, l’absence de mesures immédiates sur la revalorisation salariale, notamment pour les infirmiers hospitaliers, suscite des réserves. Les décrets d’application, dont la publication est attendue d’ici fin 2025, seront déterminants pour traduire ces ambitions en réalités concrètes. Certains syndicats, comme la CGT Santé, pointent un risque de transfert de responsabilités médicales vers les infirmiers sans moyens supplémentaires, ce qui pourrait accentuer la charge de travail. De plus, la formation continue, essentielle pour accompagner les nouvelles missions, manque pour l’instant de financements clairs. L’Ordre national des infirmiers, tout en saluant la loi, appelle à une vigilance collective pour que la mise en œuvre ne creuse pas les inégalités entre les différents modes d’exercice (libéral, hospitalier, scolaire).

Source : Ordre national des infirmiers - Adoption définitive de la proposition de loi sur la profession infirmière

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